Les chanteurs m’épatent !

Sandrine Abello occupe le poste de cheffe de chœur de l’Opéra de Tours depuis novembre 2018. Enthousiaste, passionnée et curieuse, elle aime faire le grand écart entre les lieux, les répertoires, les publics….

Le Cepravoi : Comment êtes-vous arrivée à Tours ?

Sandrine Abello : Par hasard. Une chance énorme que l’opéra ait eu besoin d’un chef au moment où j’étais libre. C’est une maison où on fait du bon travail. J’ai été engagée à Tours grâce en partie à ma volonté de faire de la médiation. Le chœur se produit dans divers lieux de la ville : nous donnons des répétitions publiques à la bibliothèque, dans des écoles, au CCCOD*, à la prison, dans les maisons de retraite…  et je suis fière de mettre en lumière ce groupe d’artistes professionnels, capable de chanter dans toutes les langues, de mémoriser des opéras entiers. Le public est impressionné : les voix lyriques, la puissance, la performance technique.. ça surprend. Le public chante aussi : il adore ça et moi aussi.

Pourquoi vous êtes vous orientée vers la direction de chœur ?

Après des études musicales aux conservatoires de Nîmes, d’Aix-en-Provence et à l’École Normale de Musique de Paris, j’ai commencé ma vie de nomade. Je me suis formée au métier de chef de chant et à la direction de chœur sur le terrain. J’ai été très bien entourée. Alors que j’étudiais le piano au conservatoire d’Aix en Provence dans la classe de Bernard Flavigny, une offre de recrutement de pianiste accompagnateur à l’opéra d’Avignon était affichée sur les murs qui menaient à ma classe. Je venais de passer mon examen de piano : j’avais un morceau tout prêt. Je me suis présentée au concours et j’ai été prise. Le chef de chœur a accepté d’engager une jeune pianiste qui ne connaissait rien au métier et m’a formée. Là, j’ai appris à faire travailler un chœur d’opéra. En assistant aux répétitions de mise en scène accompagnées par les chefs de chant, j’apprenais également leur métier. Je me plaçais à côté d’eux, j’observais et ils m’expliquaient au fur et à mesure. Plus tard, dans les autres maisons d’opéras dans lesquelles j’avais été engagée comme cheffe de chant, il m’arrivait souvent de diriger les chœurs, notamment pour des coulisses.

 

Quel est votre parcours ?

Entre 1987 et 2004, j’ai été chef de chant des Opéras d’Avignon, Toulon, Angers Nantes. Puis j’ai embarqué mes deux fils et suis partie à l’Opéra de Dijon où j’ai occupé le poste de Responsable des études vocales  jusqu’en  2010. En 2007, j’ai créé l’association Ars nemausa pour la mise en valeur du patrimoine musical oublié. Durant cette période j’ai travaillé sur l’œuvre de Louis Dietsch.
En 2010,  j’ai quitté l’Opéra de Dijon et suis retournée  à Nantes au poste de chef de chœur. J’y suis restée trois ans. En septembre 2013, j’ai fondé Piano Caoching qui s’adressait à un large public, d’âges et de niveaux très différents. Je proposais des cours de piano, des séances d’accompagnement pour les chanteurs et instrumentistes, amateurs, confirmés, étudiants de conservatoires…. Ça marchait bien. Puis en novembre 2013, l’Opéra National du Rhin m’a sollicitée pour un remplacement au poste de chef de chœur. Encore un remplacement ! J’y suis allée. Le poste s’est libéré, j’ai passé le concours, je suis rentrée.  J’y suis restée cinq ans. J’ai quitté le poste en juillet 2018. Je suis revenue à Nantes auprès d’êtres chers. Quelques semaines après mon arrivée, Benjamin Pionnier m’a contactée pour un remplacement à l’Opéra de Tours.
Ma force ? J’ai une grande confiance en la vie. Même dans les pires moments, il y a toujours un moment où « ça s’aligne ». Et ça redémarre.

Quelle définition donneriez-vous de la direction de chœur ?
Diriger un chœur, c’est d’abord établir une relation de confiance avec ses chanteurs. Il est très important que nous nous acceptions mutuellement artistiquement et humainement.
Ensuite bien sûr, la bienveillance et la recherche permanente de l’excellence.
Si l’ambiance est bonne, si les gens sont bienveillants, si le chœur trouve son chef légitime… ça va tout seul !
Il ne faut jamais oublier que derrière le chanteur, il y a un corps et derrière le corps, une personne, et cette personne si on la blesse, ça peut être ressenti très durement. Le plus difficile n’est pas de faire de la musique, mais de trouver l’équilibre entre la détente et la concentration. Ici, à Tours, c’est facile : le groupe est super. Ils sont très bosseurs, à fond, respectueux et enthousiastes.
C’est une vraie joie également de travailler avec les chœurs amateurs : il faut les prendre là où ils sont et faire mieux, puiser dans des ressources qu’ils ne soupçonnent pas, utiliser un langage clair, des images, privilégier l’humain, la relation à l’autre.

Quels sont vos rêves ?
Mon rêve ? J’aime les surprises ! C’est peut-être pour cela que je bouge tout le temps. Par contre, mon problème est que je dis toujours Oui ! Je suis partante pour tout, à condition que ça touche à ce que je sais faire évidement.

Le chœur se produit dans différents lieux de la ville.

     24 janvier • 13h / 14h • CCCOD • répétition publique

    du 11 au 14 février • Nous l’Europe, une pièce de Laurent Gaudé • CDRT

    20 mars • 12h30 / 14h • Bibliothèque Centrale • répétition publique

    5 avril • Concert de Musique américaine • Foyer du public

    24 avril • médiathèque François Mitterrand • répétition publique

    12 juin • 20h • Baptiste Trotignon, commande de l’Opéra de Tours pour chœur et violoncelle • CCCOD

    3 juillet • Hôtel de Ville • répétition publique

*Centre de création contemporain Olivier Debré

4 réponses à Les chanteurs m’épatent !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.